le 26 Mai 2003 10:55
Bon, je l'ai enfin vu.
Dans le débat sur le nombre d'utérus, j'ai l'impression qu'on ne prend pas le problème par le bon bout. Dans le film n°1, il est expliqué que la couveuse sert à alimenter les machines en énergie.
Réfléchissons un instant. Ces machines sont dotées d'une intelligence artificielle suffisante pour être capables de lire une courbe de poids. Si elles ont absolument besoin de ce type d'énergie (la fusion nucléaire aurait été un meilleur choix, mais bon...), elles ont forcément choisi de mettre en couveuse non pas des êtres humains, absolument catastrophiques quand à la rentabilité énergétique (l'énergie nécessaire pour amener un foetus humain à l'âge adulte est supérieure à l'énergie récupérable sur cet adulte), mais des animaux plus « efficaces » de ce point de vue, par exemple des cochons (gestation rapide, poids de naissance réduit, courbe de poids extraordinaire (un cochon peut peser 100 kilos à un an). Un autre avantage de l'élevage des cochons, c'est qu'on n'est pas obligé de mettre en place un système extraordinairement complexe de réalité virtuelle pour les maintenir en esclavage. C'est tout bénef. En plus, les machines ne sont pas incommodées par l'odeur du lisier.
Si les machines ont pris le pouvoir, elles n'ont pas besoin des hommes pour s'alimenter, elles ont au contraire éliminé toute trace d'humanité et élèvent des cochons.
A moins que...
A moins qu'elles n'aient besoin des hommes pour autre chose. L'évolution. Les machines savent qu'elles doivent évoluer et se perfectionner, mais n'éprouvant pas de sentiments, pas d'ambition, pas de haine, n'ont pas su programmer cette fonction (le « struggle for life »). Les hommes, pourris de ces défauts qui font défaut aux machines, leur amènent cette motivation.
Pas beaucoup d'hommes, juste assez pour qu'une sélection génétique puisse se développer, mais pas trop. Une tribu qu'on élimine et régénère régulièrement pour éviter que se constitue une organisation sociale trop solide, donc résistante et dangereuse. Un clan d'aborigènes geeks.
Tout s'éclaire ! Les récréations pseudos religieuses. Les aller-retours improbables et approximatifs entre la une et la deux, etc.
La première matrice est une invention terrifiante destiné à maintenir les hommes dans un état de paranoïa salutaire (Andrew Grove, Seuls les paranoïaques survivent, Ed. Le Village Mondial). Je reprends : donc, l'utérus, c'est Zion. Plus exactement, les machines génèrent dans le cerveau d'un petit groupe d'êtres humains la vision d'un univers enterré, clos et menacé, exacerbant chez eux sentiment de révolte et l'appétit de maîtrise technologique. Cette « suggestion » est obtenue par l'insertion d'images subliminales dans le défilement vertical de caractères verts sur un écran noir, que les humains contemplent à longueur de temps, croyant y découvrir leur destin comme les astrologues dans l'observation des constellations.
De ce groupe émergent quelques individualités fortes, ayant développé des capacités supérieures. Ces « élus » sont récupérés par les machines et la société humaine est alors régénérée par un formatage, pour relancer un nouveau cycle.
Vous n'êtes pas d'accord ? Pourtant...
Dans un prochain numéro, j'irai plus loin. Je démontrerai l'inexistence de ce deuxième utérus. Les 3 lois de la robotique, énoncées par Azimov et jamais abolies, interdisent absolument aux machines ce type de destructions massives (Un robot ne peut faire de mal à un être humain ni, restant passif, laisser un être humain exposé à un danger / Un robot doit obéir aux ordres donnés par un être humain, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la première loi / Un robot doit protéger son existence, sauf si cette protection est en contradiction avec les deux premières lois). Il ne peut donc s'agir que d'un mythe.
Matrix1 : Illusion et révolte
Matrix2 : Deuxième illusion
Matrix3 : Illusion
Vous aimez la SF ? Je vous conseille "Les fables de l'Humpur", Pierre Bordage, coll. Millénaires, Ed. J'ai lu. Vous comprendrez pour les cochons. En plus, ça se passe chez moi.